Depuis toujours, l’être humain ressent, refoule, exprime ou dissimule ses émotions.
Parfois par peur de déranger, parfois par instinct de survie.
Mais qu’on le veuille ou non, ce que l’on tait s’imprime quelque part en nous.
Avant de plonger dans ce sujet, il est important d’ouvrir son cœur.
Chacun fait de son mieux avec les outils et les blessures qu’il porte.
Ce que vous allez lire ici n’est ni un jugement, ni une injonction.
C’est une invitation douce à comprendre, accueillir... et peut-être transformer un peu.
Ce que l’on ne dit pas s’écrit ailleurs... dans le corps et dans l’âme
Quand nous refoulons une émotion, nous ne la détruisons pas.
Nous la stockons, souvent inconsciemment, dans notre corps ou dans notre psyché.
Les neurosciences nous montrent que le système limbique, en particulier l’amygdale, joue un rôle majeur :
c’est cette partie du cerveau qui traite nos émotions.
Lorsqu’une émotion est vécue et acceptée, elle suit son cycle naturellement.
Mais lorsqu’elle est bloquée, l’amygdale reste en état d’alerte, envoyant des signaux de stress constants à tout notre organisme.
À terme, cette tension peut provoquer :
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des troubles cardiovasculaires ;
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des dérèglements hormonaux (notamment du cortisol, hormone du stress) ;
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une perturbation du système immunitaire ;
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et même influencer la digestion ainsi que le sommeil.
Le célèbre neuropsychiatre Bessel van der Kolk affirme :
« Le corps garde en mémoire ce que l’esprit voudrait oublier. »
Ce mécanisme explique pourquoi une émotion non exprimée peut ressurgir bien plus tard sous forme de douleurs, de maladies, ou de mal-être profond.
Pourquoi avons-nous appris si tôt à refouler ?
Très souvent, dès l’enfance.
Entendre « Ne pleure pas », « Sois fort », « Tais-toi » enseigne que certaines émotions sont interdites ou honteuses.
Pour obtenir amour, reconnaissance ou sécurité, l’enfant apprend à taire ce qu’il ressent.
Ces réflexes deviennent ensuite des automatismes.
Mais au fond, nos émotions cherchent toujours une voie d’expression.
Et ce qui n’est pas transformé consciemment se transforme inconsciemment... en tensions, en stress, ou en maladies.
Le cercle vicieux entre émotions refoulées et stress
Chaque émotion bloquée entretient une tension intérieure.
Cette tension génère un stress continu.
Et plus le stress s’installe, plus il devient difficile de vivre nos émotions de manière fluide.
Le cercle se renforce : stress → refoulement → stress → mal-être.
Le docteur Gabor Maté explique que le stress chronique dérègle profondément l’équilibre corps-esprit :
il altère la communication entre le cerveau émotionnel (limbique) et le cortex préfrontal (siège du raisonnement et de l’empathie).
Cela peut rendre nos réactions plus impulsives ou plus figées, et peu à peu, nous couper de notre capacité à ressentir ce qui est bon pour nous.
C’est pourquoi il est essentiel d’apprendre, doucement, à laisser circuler nos émotions.
Comment libérer ses émotions sans blesser autrui ?
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Reconnaître ce que l'on ressent : Se dire simplement « Là, je ressens de la colère », « Là, je me sens triste », sans juger. Juste observer ce qui est vivant en soi.
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Créer un espace sûr pour ressentir : Prendre un temps pour pleurer, écrire, marcher en silence, respirer profondément. Laisser l’émotion sortir sans la contenir ni la censurer.
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Exprimer ses émotions avec douceur : Utiliser le « je » plutôt que le « tu ». Dire « Je me sens blessé » plutôt que « Tu m’as blessé ». Cela ouvre la porte à l’écoute, au lieu d’installer un climat de reproche.
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Accorder du temps : Tout ne doit pas être dit dans l’instant. Parfois, un peu de recul permet de trouver les mots justes et de ne pas parler sous l’impulsion de la douleur.
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Se rappeler que toute émotion est légitime : Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise émotion. Elles sont toutes des messagers de notre être profond.
L'importance du pardon
Quand on libère une émotion, il arrive que des blessures anciennes remontent.
Parfois, l’autre n'est même pas conscient de ce qu'il a fait.
Parfois, nous-mêmes, dans notre douleur, avons aussi blessé.
Le pardon devient alors un acte de guérison, avant tout pour soi-même.
Ce n’est pas excuser l’inexcusable.
C’est choisir de ne plus porter ce fardeau intérieur.
Le stoïcien Épictète enseignait :
« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses elles-mêmes, mais les jugements qu'ils portent sur ces choses. »
Dans le Coran, on trouve ces paroles de sagesse :
« Et que ceux d’entre vous qui sont doués de grâce et d’aisance ne jurent point de ne pas faire de largesses aux proches, aux pauvres et à ceux qui émigrent dans le sentier d’Allah. Qu’ils pardonnent et absolvent. N’aimez-vous pas qu’Allah vous pardonne ? Et Allah est Pardonneur et Miséricordieux. »
(Sourate 24, verset 22)
Dans l’Évangile selon Matthieu :
« Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. »
(Matthieu 6:12)
Dans les enseignements du Bouddha rapportés dans le Dhammapada :
« Nourrir la haine revient à se blesser soi-même, comme celui qui tient un charbon ardent destiné à autrui : il est le premier à se brûler. »
Pardonner, c’est reconnaître que l'on mérite la paix.
C’est aussi honorer sa propre dignité intérieure.
Ce que nous enseignent les sages à travers le temps
Dans toutes les traditions, les écrits les plus sacrés nous rappellent que :
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Ressentir est humain.
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Refouler, blesser ou fuir ne mène qu'à la souffrance.
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Accueillir avec sagesse, parler avec douceur, et pardonner sincèrement est un chemin de lumière.
Les stoïciens invitaient à maîtriser ses réactions, non par rigidité, mais par choix conscient.
Marc Aurèle disait :
« Que ton esprit reste impassible aux événements extérieurs, et que ta force réside dans ton âme. »
Et maintenant ?
Comprendre que le stress est souvent le fruit de nos émotions non vécues est un premier pas.
Apprendre à accueillir, à exprimer, à pardonner... c’est commencer à désamorcer ce cercle vicieux.
Dans mon prochain article, je vous proposerai des méthodes de relaxation, accessibles à tous, pour apaiser l’esprit, relâcher la pression du corps, et cultiver la paix intérieure.
Parce que prendre soin de ses émotions, c’est aussi prendre soin de sa vie.
N’ayez pas peur de ressentir : c’est en traversant la tempête que naissent les plus beaux arcs-en-ciel.
Biha
